Perdre du poids pour aller vite ? Ou pour aller mieux

Posted by Pierre-Olivier Dybman on 2017-11-07

En randonnée, il y a les MUL et il y a les mûles. Explications

Un MUL, c’est un «marcheur ultra-léger». Quelqu’un qui s’équipe dans le but de ne pas trainer des kilos et des kilos d’équipement à longueur de journée et qui croit que le plaisir ne se trouve pas (toujours) dans la souffrance ;)

Par opposition, une mûle est une personne qui tend à s’équipper d’abord en fonction du prix ou du confort.

Ces dernières années, l’écart entre les deux s’est réduit car les produits d’équipement de plein air à poids réduit on vu leur prix devenir plus accessible mais il n’empêche qu’il n’est pas rare de voir des sacs à dos peser plus de 2kg à vide ou encore des paires de souliers largement au dessus d’1,5kg.

Pourquoi réduire son poids ?

Pour se sentir bien

Ce que le non initié voit chez le MUL, c’est au premier abord essentiellement de l’austéritié et des sacrifices : un équipement qui n’a pas l’air confortable, pas pratique.

Mais c’est à la fin d’une longue journée de marche que la mûle comprends les choix de celui qui s’équipe en regardant le moindre gramme. Pour une rando. sur deux jours avec nuit sous tente, notre ami le MUL ne dépassera pas les 6 kg, eau et bouffe comprise tandis que notre ami la mûle risque fortement de porter 10 à 12 kg.

C’est donc au coin du feu que celui qui a porté 12 kg avec son sac super confortable se rendra compte que malgré tous les accessoires de confort de son sac, il aura quoiqu’il arrive toujours plus mal au dos que celui qui n’a porté que 6 kg.

Partir plus léger, c’est donc beaucoup pour le confort, le vrai. Pas celui des étiquettes de produits ;)

Pour aller plus loin

Mais partir plus léger, c’est aussi partir plus loin. Avec un poids nominal plus faible, s’équipper pour une autonomie d’une semaine devient quelque chose que presque tout le monde peut faire. (Nos sacs pour la Traversée de Charlevoix ne pesaient pas plus de 12 kg, à part un à 15 kg). Ce n’est plus réservé à des gens qui s’entrainent régulièrement pour être capable de trainer 20 kg tous les jours pendant 8h.

On n’est donc plus prisonnier de notre capacité à trainer notre équipement. Et ceci ouvre une nouvelle possibilité.

Pour aller plus vite

Aller plus loin, c’est bien, mais si on est si léger que ça, on doit bien. aller plus vite, non ? Pour les plus grands marcheurs d’entre nous, c’est évidemment le cas. Au point que certains se sont dit que s’ils allaient plus vite, ils auraient aussi moins besoin de bouffe ou d’équipement pour le même nombre de kilomètres.

Et certains se sont mis à courir pour aller plus vite. Vient alors la possibilité de faire sauter toute une partie de l’équipement : sac de couchage, tente, matelas, etc. Et d’être encore plus léger, pour aller plus loin et encore plus vite. Cette nouvelle discipline s’appelle le trail et enrage de nombreux randonneurs et alpinistes depuis quelques années.

Il faut les comprendre : le catalan Kilian Jornet, maître en la matière a gravit le Mont-Blanc deux fois dans la même journée. Une performance à comparer aux deux jours de marche habituellement nécessaires pour l’ascension. L’ultraterrestre comme on le surnomme, a même gravit l’Everest en à peine vingt-six heures. Un exploit à couper le souffle.

Comment choisir son matériel

Si l’objectif n’est pas d’être Kilian Jornet pour tout le monde, vous comprenez tout de même l’idée que s’alléger peut changer totalement la perspective d’une traversée ou d’une ascension. Mais comment doit on s’équiper pour gagner en confort de portage ?

Le sac à dos

À moins d’être dans une logique de total dépouillement et de suivre la foulée rapide de l’ultratraileur, vous avez besoin d’équipement pour … porter votre équipement. Pour ce matériel qui n’a pas d’autre fonction que de rassembler le reste, il ne faut pas hésiter à descendre beaucoup en poids. Un sac d’1 kg à vide pour un volume de 40 L, c’est le maximum que vous devriez avoir sur les épaules pour une randonnée d’une semaine (voir le rétrotest).

Pour une randonnée avec une ou deux nuitées, 20 à 30 L suffisent largement. Osprey, avec sa gamme Talon, fait des sacs qui tombent en dessous des 800 grammes et auxquells on peut même encore enlever quelques grammes en supprimant le superflu.

Mais on vous l’a dit, les prix des produits ultralégers s’écroulent : Décathlon fait un sac de 20 L pesant 97 grammes (oui, vous avez bien lu, 97 grammes) à … 10 euros.

Un sac petit léger et pas cher

À la journée, en revanche, inutile de vous encombrer d’un sac de randonnée pour porter votre bouteille d’eau et un sandwich. Les petits sacs dépliables font l’affaire largement. Décathlon en fait un pour la modique somme de 2 euros.

Vous suivez nos conseils et vous randonnez surtout le WE ? Bravo, vous venez de supprimer plus de 2 kg ;)

Le sac de couchage

Voilà un gros morceau. Si le randonneur passe près de 8h à porter son sac, il passe aussi près de 8h dans son sac de couchage. De là à dire que le sac de couchage est aussi important que tout le reste de l’équipement, il n’y a qu’un pas…

La question de la température

Il y a toute sorte d’affichage pour catégoriser l’isolation thermique d’un sac de couchage. Celui que nous utiliserons est la température de confort. Il ne s’agit pas, comme on pourrait se laisser l’imaginer d’une température à laquelle on est en plein confort dans notre merveilleux duvet, mais plutôt de la température la plus froide pour laquelle on est encore dans notre zone de confort. La température de vrai confort est donc en général, 5 degrés au-dessus.

Si on a le budget pour, la solution la plus légère consiste à acheter plusieurs sacs :

  • un pour les nuits estivales à altitude zéro : température de confort à 15
  • un pour le trois saisons : température de confort entre -5 et 0
  • un pour la moyenne et haute montagne : température de confort -15

Évidemment, vous n’avez pas le budget ;) Alors la solution, c’est bien entendu de taper au milieu avec un sac de couchage trois saisons.

Duvet ou synthétique ?

La réponse est simple : duvet.

Le duvet naturel est plus compressible, plus léger et plus efficace.

La forme du sac de couchage

Là, ça se complique car il y a de nombreuses options.

Le sac couverture

Bon là, c’est facile : en plus d’être moche, c’est lourd, et inefficace à vous garder au chaud car des zones froides se créent dans les quatres coins. À éliminer !

Le sarcophage

Beaucoup plus classique, le sarcophage a l’avantage d’épouser les formes de votre corps ce qui permet une meilleure isolation mais ce qui évite surtout des centaines de grammes de tissu inutile :)

Le quilt

Vous vous souvenez du principe MUL qui veut que si ça sert pas, on le prends pas ? Vous avez plus de 20 ans, vous dormez donc sur un matelas, non ? Alors à quoi ça sert de mettre du rembourrage dans le dessous du sac ?

C’est le principe du quilt ;) Plutôt que d’avoir un sac complet, on se retrouve avec un genre demi sac dans le quel on glisse son matelas de sol.

J’aimerais vous dire que c’est une super idée et que c’est ce que vous devriez utiliser mais je n’ai moi-même jamais franchi le pas. En cause, principalement le fait qu’aucun matelas de sol ne fait la même taille et que je n’ai pas envie de devoir renouveler mon sac de couchage parce que je renouvelle mon matelas. C’est peut-être une crainte non fondée mais ça m’a empêché de passer le pas.

Le pied d’éléphant

Sur le même raisonnement que le quilt, vous avez déjà un manteau, non ? Alors pourquoi votre sac monte jusqu’à la tête ?

Bon soyons clair avec ce dernier format : il est réservé à la haute montagne ou aux hivers froids. Il n’est pertinent que si les températures nocturnes ne sont pas beaucoup plus froides que les températures diurnes et que le manteau ou la doudoune que vous portez le jour est donc assez chaude pour la nuit. Car sinon, vous devez prendre une doudoune de plus ce qui n’a pas de sens.

C’est donc un dispositif qui n’est pas adapté au plus grand nombre. Passons ;)

Des références de sac de couchage

Il y a de nombreuses références de sac, elles changent d’années en années mais nous gardons nos sacs 5 à 10 ans alors donner plus d’une référence est un exercice périlleux.

Le Yeti Kolba peut toutefois faire figure de bon exemple de rappord poids-tempoérature :

  • Un prix de 200 euros
  • Une température de confort de 0
  • Un poids de moins de 700 grammes

De notre côté, autant Fanny et que moi avons un sac de couchage Quechua S0 Ultralight Down. Ce n’est pas le meilleur de sa catégorie mais les petits prix sont aussi important quand on dispose d’un budget d’équipement limité.


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