La routine

Posted by Pierre-Olivier Dybman on 2018-12-02

La routine

C’est un article classique de voyage. J’étais sûr de l’écrire comme tout le monde et que ça donnerait quelque chose comme «on pensait qu’on aurait pas de routine mais finalement voilà, le matin, on fait ci, le soir on fait ça et surtout, tous les jours, c’est important, on fait ceci». Et benh non. Pour la première fois sur un long voyage, nous n’avons pas de routine précise. La raison est en grande partie que nous n’avons tout simplement aucun plan. Nous savons, bien évidemment, deux à trois jours à l’avance la route que nous suivons, mais c’est tout.

On ne sait pas où s’arrêter pour dormir

Le plan, c’était de faire du camping sauvage le plus possible. C’aurait été facile : on fait x kilomètres par jour et on s’arrête. La routine se serait installée rapidement. Mais voilà, la Nouvelle Zélande, c’est un peu le niveau expert du voyage à vélo et la météo ne nous laisse pas faire ce que nous voulons. Il y a de (trop) nombreux jours où nous devons nous arrêter, lessivés, a à peine 16h pour prendre un camping. D’autres où nous filons comme l’éclair et posons la tente après 120 km, même pas fatigués.

Et puis il y a des jours comme ce matin où nous rangeons et chargeons tout sur le tandem, faisons moins de 2 km pour nous apercevoir qu’il y a un bien plus beau spot de camping que celui où nous avions dormi. Et donc plutôt que de faire les 50 km qui nous séparent de Nelson (où dormir sera payant), on replante la tente aussi sec ;) Je crois même qu’on va rester plusieurs jours.

On ne conduit jamais sur le même type de route

Sur le long terme, c’est quand même facile d’identifier une vitesse de croisière habituellement. Pour un voyageur à vélo, souvent entre 15 et 20 km/h. Pour nous, c’est encore difficile d’identifier notre vitesse de croisière. Les dénivelés sont très changeants mais surtout le type de route est incroyablement différent d’un jour à l’autre. Il y a les “state higway” (qui ne sont - en général - pas des autoroutes) avec ou sans accotement, avec ou sans trafic automobile, avec ou sans flux continu de camions. Il y a les routes “secondaires”. Le secondaire est entre guillemets car l’industrie forestière et agricole y impose parfois un trafic bien plus soutenu que sur le réseau routier principal. Il y a les routes de vélos aussi. Mais comme en Nouvelle Zélande, le vélo fait plutôt figure d’OVNI, les responsables de ce type d’infrastructures n’ont en général aucune connaissance des besoins (ne parlons même pas d’envies) des cyclistes. Alors dire à quelle vitesse on roule, c’est difficile.


Piste cyclable ou trottoir, en Nouvelle Zélande, on ne sait jamais

On sait ce qu’on mange

Bon, voilà la partie routine. Le matin, café, le midi, on mange froid, et le soir on mange chaud, généralement des féculents. C’est pourtant le truc sur lequel je m’attendais à pouvoir un peu plus varier mais les contraintes sont fortes : d’une part, on ne veut pas utiliser notre réchaud (et surtout le combustible) à tous les repas, d’autre part, les produits disponibles en épicerie ne sont pas tellement variés (en tout cas parmi ceux que nous pourrions transporter facilement).

Le matin, comme je le disais, on fait (presque) toujours le café. Ayant oublié d’emporter une petite cafetière italienne, nous avons donc dû acheter sur place un genre de “french press”/thermos de randonnée. Et ça, c’était à l’époque où nous n’avions pas compris où acheter ce genre de choses. Nous sommes allés dans plusieurs magasins de sport de plein air (Macpac, Kathmandu, etc.) et à notre grande surprise, il n’y a rien et c’est très cher. Quand je dis qu’il n’y a rien, c’est parce qu’en dehors des vêtements, il n’y a vraiment rien… Là où chez MEC, REI, Décathlon etc, on trouvera des bateaux, des tentes, du matériel d’escalade, des vélos, etc., ici on ne trouve que des vêtements et quelques accessoires pour lesquels il n’y a toujours qu’un seul modèle, très cher. Après avoir fait de nombreuses boutiques n’ayant aucun matériel de cuisine de camping, nous avons finalement trouvé notre “french press”/thermos en solde à -40% pour un prix restant très cher de 35$. Verdict ? Le côté thermos est fake. Il n’y a aucune isolation thermique.

Le vrai verdict ? Les équipements de sports n’existent pas dans les boutiques de sports mais dans les boutiques de chasse et pêche.

Bref … On fait du café.

Le midi, on se débrouille pour trouver du pain et une conserve de thon ou de saumon, ou alors un peu de charcuterie, et surtout, des légumes entiers et crus (carottes, concombres, courgettes,..). Parfois, sur le bord de la route, on peut acheter oeufs, fruits et légumes en libre service. En gros, on se sert et on laisse les sous dans la tirelire. C’est bon et de loin le moins cher.

Le soir, les pâtes, le riz ou les conserves de légumes ont notre faveur.

On ne sait pas quel temps il fera

On a beau vérifier les prédictions météo toutes les heures, on n’a jamais une idée du temps qu’il fera. J’écris cet article
sous la bâche que nous avons installé car il devait pleuvoir toute la journée. Mais je ne suis dessous que parce que le soleil est trop fort pour que j’y reste longtemps… Allez comprendre.

Et donc, on ne sait pas quelle route on prendra

Parce qu’on a parfois le choix entre deux ou plusieurs routes et que ces choix sont hautement dépendants de la météo (allez freiner 200 kg dans les hauteurs néo-zélandaises avec des freins mouillés), on change nos plans à la volée, au fur et à mesure que les choix se présentent à nous. J’ai déjà dit que nous nous sommes arrêtés aujourd’hui alors que nous ne le prévoyons pas mais j’avais peut-être oublié de préciser que c’est dans un village par lequel nous ne devions même pas passer.

On a quand même quelques contraintes

On est pas encore rendus des sauvages. Il y a parfois des randonnées qu’il faut réserver à l’avance (dans quelques jours nous faisons la Abel Tasman Coast Track), précédemment nous avions l’auberge de jeunesse à Wellington et bien évidemment le ferry. Ces obligations de réserver sont plus ou moins la raison pour laquelle nous savons encore - à peu près - quel jour nous sommes.


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