On dirait le sud

Posted by Pierre-Olivier Dybman on 2018-12-07

On dirait le sud

L’île du Sud est comme un autre pays. C’est un dénommé Mike, qui nous a gentiment hébergé alors qu’il pleuvait des cordes, qui nous l’a dit. Lui-même n’y était allé que deux fois dans sa vie. Il n’a pas tord. Du moins, c’est aussi le constat que nous faisons depuis que nous sommes dans le nord de l’île du Sud.

Des petites roues, toujours des petites roues

Bien sûr, quand on fait du vélo tous les jours, tout est une question de vélo. Nous ne savons donc rien ou si peu des différences qu’il pourrait y avoir dans la culture du travail entre l’île du Nord et celle du Sud. Ce que nous pouvons dire, c’est que si les routes sont sensiblement pareilles, les gens y roulent moins nombreux et moins vite. Nous n’avons plus l’impression de tourner le dernier Mad Max. Il y a même plus de pistes cyclables (même si toujours aussi mal conçues) et beaucoup plus de cyclistes (dans le sens “qui utilisent le vélo comme moyen de transport et non comme outil récréationnel”). Il y a aussi plus de touristes que de locaux, et il faut bien le dire, les touristes conduisent bien mieux.

On nous avait pourtant vendus l’inverse en raison des dénivelés et du côté sinueux. Mais ce sont là des réflexions d’automobilistes qui n’ont aucun sens en voyage à vélo.
Aucune route n’est sinueuse à vélo : le plus serré des virages sera toujours amplement large pour n’importe quel vélo ; même un long comme notre tandem.
Le dénivelé, c’est plus de la moitié de la raison pour laquelle nous sommes ici. Si nous avions voulu visiter un plat pays, nous aurions choisi un plat pays.


Le dénivelé, on en mange tous les matins

Ce que nous apprécions moins, et où nous reconnaissons la (non) culture du vélo de Nouvelle Zélande, c’est la confusion permanente entre la bicyclette, objet de loisir, et la bicyclette véhicule urbain léger et rapide. Suivre un itinéraire cyclable entre deux villes, c’est courir le risque que tout d’un coup, la voie se transforme en piste de vélo de montagne, gracieuseté du Rotary club du bled du coin : euh oui, mais non. Personne suivant une route entre deux villes ne veut faire du vélo de montagne comme ça tout d’un coup. Dans le même genre, les pistes cyclables sont parfois affichées comme étant “interdites aux véhicules”. Fort bien … Où sommes nous donc supposés de rouler ? Ah, c’est parce que nous ne sommes pas un véhicule, malgré la définition de ce mot …

Il n’empêche, on a beau râler, on roule beaucoup mieux sur l’île du Sud que sur l’île du Nord.

Pays sage

Difficile de décrire les paysages sans verser dans la trop typique prose de voyage :) Mais il faut bien avouer qu’on en prend plein les mirettes. Bien sûr, il y a le relief.

C’est un peu comme un dessin d’enfant : peu importe la direction, on voit une succession de collines puis de collines plus grandes puis des montagnes.

Mais il y a aussi la mer (te moana) dont les effets de marées changent le décor en l’espace de quelques heures. Au point qu’en randonnées, par exemple, il est nécessaire de consulter les horaires des marées afin de savoir si l’on pourra bien traverser une ou plusieurs baies avant d’arriver au lieu de campement.


Comme un air de Moïse

Je dis souvent que j’aime voyager à vélo car c’est juste assez lent pour tout voir et juste assez rapide pour changer de décor à chaque jour : ici, pas besoin d’attendre à demain pour changer de paysage, même à pied.


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