Moloko bar, la revue

Posted by Pierre-Olivier Dybman on 2018-12-30

Moloko bar, la revue

Sur la route, en vélo, se créent des envies qui tiennent parfois de l’obsession: un chocolat chaud, une pièce de viande, une bière froide ou encore une crème glacée. C’est cette dernière qui a du inspirer les équipes de Surly lorsqu’il est venu le temps de choisir le nom de leur dernier guidon: le moloko bar.

La problématique

Passer de longues heures sur un vélo chargé, ça n’est pas la même chose que de rouler, même longtemps, à la journée. Le poids du vélo se fait sentir jusque dans les bras et les mains, la direction est plus lourde et les longues journées s’additionnent rapidement. Il est donc important d’être confortable, de pouvoir changer de position régulièrement, et d’avoir une direction maniable.

À ces considérations ergonomiques s’ajoutent des aspects logistiques : un GPS ou un téléphone pour la navigation, une lampe, un rétroviseur, une sonnette, les accessoires peuvent s’ajouter vite mais la place sur un guidon n’est pas infinie, loin de là.

La solution classique

Mais plate

Un bon guidon droit et des cornes amples et bien recourbées permettent de manœuvrer facilement un vélo lourd et d’avoir deux à trois positions différentes de mains. En revanche, pas vraiment plus de place pour les accessoires. J’ai essentiellement voyagé avec ce type de configuration et m’y sent confortable.

Avec les coins ronds

Un guidon de route est pour les habitués la quintessence des guidons. Pourtant, je ne suis pas fan: moins de largeur utile et une position sport rarement (pour ne pas dire jamais utilisée), la vitesse moyenne d’un vélo chargé ne le permettant pas. Enfin, la plupart des guidons de cette catégorie ne sont pas assez larges pour ajouter plusieurs accessoires. Or si le téléphone peut aller sur la potence, le reste sera plus difficile ou coûteux à relocaliser.

La solution à l’Allemande

Les voyageurs à vélo - qui sont en grande majorité des allemands - optent parfois pour un guidon papillon, surnommé par les américains le guidon bretzel. Le guidon papillon en apparence offre une multitude de positions différentes, ainsi que beaucoup d’espaces pour les accessoires. La réalité d’utilisation est toutefois assez différente de l’apparence. En effet, les espaces à l’intérieur des courbures du guidon sont petits et peu pratiques. On se retrouve souvent avec seulement deux ou trois positions, soit autant qu’un simple guidon droit avec des cornes. En plus de cela, quelques accessoires et oubliez au moins une position de mains. Ce n’est pas élégant, mais pendant longtemps, c’est le guidon qui offrait le plus grand confort aux voyageurs.

Les nouvelles solutions

Il aurait été impensable que le monde du voyage à vélo reste sans solutions pour une problématique aussi importante, et finalement aussi simple que celle de la direction… Et même si cela aura pris du temps, ce n’est en effet plus le cas puisqu’au moins trois bonnes solutions existent :

Le H-loop de Jones

Précurseur de cette vague de nouveaux guidons orientés voyage, Jones propose un guidon recourbés vers le cycliste (ce qui facilite la maniabilité, surtout avec une charge à l’avant) mais aussi une deuxième barre de guidon, laquelle peut donc facilement servir à attacher accessoires et sacs de guidon sans venir phagocyter la place normalement réservée aux mains. Il manque toutefois l’aspect multipositions des mains pour complètement résoudre l’équation.

Vélo orange Crazy bar

On retrouve la courbure du guidon pour une meilleure maniabilité mais on ajoute la position chère aux cyclistes sur route grâce aux extensions sur la partie centrale du guidon. La largeur du guidon permet d’attacher pas mal de choses aux guidons, mais l’on perd le principe de barre dediée que l’on avait sur le H-loop.

Le Moloko bar de Surly

Si je l’ai mis en dernier de la liste, ce n’est pas pour rien: c’est le guidon qui marie la double barre du H-loop aux extensions du Crazy bar. C’est aussi celui que nous avons choisi pour installer sur le tandem, à l’avant.

Le choix semble facile vu les qualités de ce dernier et à quel point il répond aux problématiques posées, cependant, lors de l’achat j’avais encore des doutes car il n’y avait encore que peu de tests disponibles sur ce guidon.

Voici donc mes impressions:

Le Moloko bar est large. Très large. Avec ses 735 mm, il n’est clairement pas destiné à se faufiler en ville. Cependant, dépendemment de l’usage que vous souhaitez en faire, il est possible de le couper. Surly a prémarqué là où couper pour un guidon de 685 mm. Il est lourd aussi puisqu’il pèse 709g (à comparer aux 450 du Crazy bar). Donc si le grammage de votre vélo est votre obsession, ce n’est peut-être pas celui qu’il vous faut.

Côté confort en revanche, il n’a pas son pareil. On l’a installé avec des poignées sur les bords et de la guidoline sur les extensions. Lorsque le tandem est chargé, les extensions peuvent tout de même être utilisé, y compris dans les virages. Il n’y a que sur les sentiers cabossés et les routes très fréquentés que je n’ose pas lâcher les extrémités du guidon. De plus, les extensions peuvent être prises de deux façon différentes: avec le pouce dans la “boucle” (entre les deux barres) ou au dessus. J’ai donc en tout trois positions différentes.

Sur la barre du haut est fixé mon téléphone, ainsi que la lumière avant. Il reste amplement la place pour à peu près n’importe quoi d’autre comme une caméra ou bien une enceinte bluetooth par exemple.

Le trou entre les deux barres peut servir à accueillir un sac que Surly a conçu à cet effet. Mais le sac ne me semble pas tirer parti de tout l’espace convenablement et je préfère donc attendre une éventuelle future version ou me tourner vers une autre marque.

En clair, on est pleinement satisfait de ce guidon. Le seul hic maintenant, c’est qu’on aimerait trouver quelque chose d’aussi bien pour l’arrière ;)


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