Cuba en tandem, la logistique
Si vous n’avez pas encore lu notre article sur Cuba en vélo, allez le lire tout de suite car cet article-ci ne fait que décrire la logistique du voyage. ;)
Ça fait longtemps que je voulais l’écrire car on a beau rêver d’un voyage, on ne sait pas toujours ce qui est nécessaire pour toucher ce rêve et ce qui, au contraire, relève du superflu.
Alors commençons cette petite plongée dans la logistique par notre beau véhicule.
Le Tandem
Pourquoi un tandem?
C’est une question qui revient souvent.
Un tandem permet d’être sûr d’arriver au même endroit, en même temps. Si la formule peut faire sourire, elle n’en est pas moins vraie. Deux cyclistes sur leur propre vélo n’avancent pas au même rythme. On a ceux qui s’arrêtent jamais, ceux qui roulent vite, ceux qui roulent longtemps, ceux qui se trompent de chemin, ceux qui ont toujours des ennuis mécaniques ; bref, il y a autant de style de voyage à vélo que de cycliste. Sauf que quand on est deux, on a besoin de lisser le niveau et de s’assurer qu’on reste deux.
Le tandem répond parfaitement à ce besoin mais il n’y a pas que ça.
À deux sur un vélo, on attire la curiosité, les sourires et la sympathie des gens, bien plus qu’en vélo. Ça rend le voyage plus agréable, plus intéressant et aussi moins risqué.
Quel engin ?
À la base, nous ne pensions pas avoir le budget pour acheter un tandem.
Nous avons donc cherché à louer, ou nous faire prêter un tandem quand finalement, nous sommes tombés sur une annonce Kijiji pour un tandem Yokota Twin Peaks à 550$.
Les tandems Yokota ont été conçus et fabriqués à Taïwan dans les années 90 et sont réputés pour leur grande durabilité.
Le nôtre est bien entendu équipé d’un moyeu excentrique (la petite subtilité mécanique qui permet de tendre la chaine qui n’est pas montée sur un dérailleur), deux freins U-brakes et un dérailleur Shimano Deore. En clair, pas du haut de gamme, mais du robuste et efficace.
Bien que nos vélos de tous les jours soient équipés en selles Brooks ; des selles en cuir ayant la particularité de prendre, au fil du temps, la forme de votre fessier et donc de devenir les selles les plus confortables au monde ; nous avons décidé de partir avec les selles qui équipaient alors le tandem : deux selles super molles qui nous feront amèrement regretter notre choix de ne pas prendre nos Brooks.
Niveau pneu, on est partis sur les pneus «d’origine». On a eu quelques crevaisons les derniers jours à cause de ce choix, mais rien que nous n’avions pas prévus. Depuis le voyage, ces pneus ont été remplacés par les Marathon de Schwalbe qui sont pas mal les meilleurs pneus pour les longs voyages.
Les deux guidons sont équipés de cornes permettant de facilement changer de position nos mains et le guidon du conducteur a un petit rétroviseur.
Les bagages
Le couple nous ayant vendu le tandem nous a donné gratuitement les sacoches avec lesquelles ils ont parcouru la Gaspésie. Ça nous a beaucoup dépanné car nous ne souhaitions pas acheter de nouvelles sacoches alors que nous en avions déjà deux … en Europe … Nous sommes donc partis avec ces deux sacoches de marque indéterminée, un peu usées mais pas plus que ça.
Et nous leur avons donné la ride de leur vie puisque dans les derniers jours du voyage - plutôt mi-voyage même - elles ont commencé à se découdre dangereusement. Heureusement, quelques bricolages de bord de route et l’ingéniosité cubaine nous ont permis de les maintenir en vie jusqu’à la dernière minute.
Nous avions aussi un petit (15L) sac à dos de ville de marque Quechua ainsi que notre sac de rando de 40L dont nous avions enlevé l’armature pour pouvoir le plier.
Équipement
- 2 Filtres à eau Sawyer
- 2 serviettes microfibre
- Un petit réchaud à gaz (qui ne servira à rien)
- Un set de popotte de rando (qui ne servira pas non plus)
- Deux couteaux
- Quelques allumettes et un briquet
- Un téléphone intelligent avec OpenStreetMap (gros, gros sauvetage de vie !) et la carte de Cuba dispo, en hors ligne
- Un petit support pour faire tenir le téléphone sur le guidon et ailleurs
- Du duct tape (énorme sauvetage de vie aussi)
- Un maillot de bain chacun
- Un short chacun
- Un pantalon chacun
- Trois t-shirt chacun
- Un chandail chacun
- Sous-vêtements et chaussettes pour 3 jours
- Une paire de gougounes chacun
- Une casquette pour Madame et … une insolation pour Monsieur !
- Des médicaments de base (qui n’ont heureusement pas servis)
- Des rustines
- Un outil multifonction pour le vélo
Prendre l’avion avec un tandem
Cette partie mériterait un article à part entière tant il y a des trucs qui peuvent mal se passer.
Quand on parle de prendre l’avion avec un tandem, la première question qui se pose, c’est en général celle du prix, parfois celle de l’emballage. Pourtant, la première difficulté, c’est de se rendre à l’aéroport …
Du point A au point Aéroport
Malgré la relative proximité de l’Aéroport de Montréal, il n’est pas possible de s’y rendre en vélo. Évidemment, c’est dans les derniers mètres que l’accès se fait obligatoirement par une autoroute (en fait, les employés pourraient probablement entrer dans l’aéroport via une route régulière, et donc en vélo, mais pas les passagers). Il reste deux options : le bus, ou la voiture.
Le bus pourrait techniquement fonctionner pour nous mais nous avons préféré ne pas importuner les autres passagers et commander un taxi. Mais vous ne pouvez pas commander n’importe quel taxi. En fait, vous avez une nouvelle fois deux possibilités :
- appeler une compagnie de taxi et réserver votre véhicule en précisant qu’il vous faut un van ou assimilé et prier pour que la réservation soit honorée (une fois sur deux …),
- commander un UberXL (larges véhicules) au dernier moment et prier pour qu’il y en ai au moins un de dispo. Au bon moment (une fois sur deux …).
On a donc opté pour le taxi, histoire de mettre le maximum de chances de notre côté (si pas de taxi, on essaye Uber).
Côté cubain, en revanche, aucun problème, les aéroports sont parfaitement accessibles à vélo.
De l’art de l’ensachage
Vient ensuite la question de l’emballage.
Un vélo, ça voyage relativement mal dans un avion. Beaucoup de gens achètent donc une valise spécifiquement conçue pour le transport des vélos. Ces valises coûtent très cher (souvent le prix du vélo …) et n’existent qu’exceptionnellement au format tandem (avec des prix totalement démesurés). Hors de question donc pour nous de nous équiper de cette façon.
Il existe aussi des housses de transport. Même si elles sont légèrement moins chères, elles restent inaccessibles pour nous et les modèles pour tandem se comptent sur les doigts d’une main.
Reste la solution maison, le système D.
On a récupéré le maximum de carton que l’on pouvait et emballé aussi soigneusement qu’on le pouvait (et c’est beaucoup plus difficile que ça en a l’air) notre précieux véhicule. Ça n’a pas eu l’air d’impressioner qui que ce soit mais … c’est passé. :)
Au retour, en revanche, impossible de faire la même car nous n’avions pas gardé les cartons et impossible d’en trouver sur place. Bonne nouvelle cependant, la compagnie aérienne fournit de gigantesques sacs de plastique pour emballer les vélos. Il nous en a fallu deux.
Faut-il s’en remettre aux cartons ou aux sacs de plastique ? On le saura difficilement mais il nous a semblé que le tandem avait été mieux traité au retour qu’à l’aller.
Il est utile de savoir aussi qu’avant d’emballer votre vélo, vous devez :
- démonter les pédales
- dévisser et tourner votre (ou vos ;)) guidons
- dégonfler les pneus
Parlons dollars
Combien ça coûte de transporter un vélo en avion ?
Beaucoup de transporteurs font payer entre 80 et 100$ pour le bagage supplémentaire. Mais pour les équipements de sports, c’est souvent moins cher.
Chez Air Transat, par exemple, il en coûtera $30 par équipement sportif (donc pour un tandem) et par vol.
Bonne surprise cependant, à l’aéroport de Varadero le personnel ne savait pas comment facturer le transport du vélo et nous n’avons donc pas payé.
Côté bidules électroniques
Là, c’est assez simple. Un appareil photo et un téléphone intelligent.
Côté téléphone, Google Maps est à oublier à Cuba puisque toutes les routes n’y sont pas, alors ne parlons même pas des hébergements (je rappelle que le camping sauvage est interdit à Cuba et que toutes les nuits des étrangers doivent être enregistrées auprès des autorités par leurs hôtes que ce soient des hôtels, des Casa Particular ou autres).
En conséquence, on s’est tournés vers l’application OpenStreetMap qui, en plus de la cartographie et la navigation hors-ligne, a un excellent répertoire des Casa Particular cubaines.
La paperasse
Au départ du Canada, et pour la plupart des citoyennetés, seule la carte touristique est nécessaire et elle est remise aux passagers par la compagnie aérienne. Une fois remplie en deux exemplaires, l’une est à donner à l’immigration cubaine à l’arrivée, et l’autre est à remettre à votre départ. Il est donc important de ne pas la perdre.
Il est aussi nécessaire d’avoir une assurance santé. La carte soleil de la Régie d’Assurance Maladie du Québec est valide et suffit comme preuve d’assurance. En effet, la RAMQ prendra en charge tous les frais de santé dont vous pourriez avoir besoin à Cuba, en autant qu’ils ne dépassent pas ce qu’ils coûteraient au Québec (ce qui n’a aucune chance d’arriver bien entendu).
Voilà, vous savez l’essentiel pour organiser sereinement un voyage à vélo dans le sud ;) Tentés?